jeudi 27 septembre 2007

Pojet de loi de finance 2008: les étudiants grands perdants


On ne peut que se féliciter de l’annonce d’1,2 milliard d’euros supplémentaires consacrés à l’enseignement supérieur. Pourtant, alors que la ministre de l’enseignement supérieur a fait des chantiers « réussite en licence » et « vie étudiante » une priorité, elle y consacre à peine 10% de son budget.
Lutte contre l’échec en Licence: le gouvernement ne semble pas comprendre les enjeux du chantier
Chantier réussite en licence : sur 243 millions d’euros nécessaires à la réussite des étudiants en premier cycle, le gouvernement y consacre… 40 millions.
Alors que la ministre faisait de ce chantier une de ses priorités, les 40 millions d’euros consacrés à la lutte contre l’échec ne permettront pas d’atteindre l’objectif de 50% d’une classe d’âge diplômée.
Dans le même temps le gouvernement consacre 45 millions d’euros aux exonérations fiscales, encourageant le salariat étudiant, lui-même source d’échec à l’université.
Le recrutement d’enseignants et de personnels : une nécessité absolue à laquelle le gouvernement ne répond pas
La pierre angulaire de la lutte contre l’échec en premier cycle est le taux d’encadrement des étudiants. En effet, il est évident que les étudiants ne bénéficient pas des conditions de travail nécessaires à la réussite lorsqu’ils sont 500 dans un amphis et qu’ils n’ont que 16 heures de cours par semaine. Ainsi, se donner les moyens d’amener 50% d’une classe d’âge à la licence nécessite le recrutement de 2000 enseignants-chercheurs par an pendant 5 ans.
Ce plan de recrutement doit également permettre aux étudiants de suivre des cours de langues, d’informatique, de méthodologie. En effet, comment prétendre à ce que les étudiants issus des universités françaises rivalisent avec les autres étudiants lorsqu’ils ne bénéficient pas de cours de langues ou d’informatique ?
La ministre entend améliorer le système d’orientation…en conservant le même nombre de conseillers d’orientation psychologues. Or, il semble que ceci ne soit pas possible. En effet, sans recruter de personnel qualifié le gouvernement fait manifestement de l’orientation active une politique de gestion des flux et tourne le dos à une orientation basée sur le projet personnel et professionnel des étudiants.


Aides directes : moins 45 millions en une semaine !
Après avoir annoncé à grand renfort de communication un plan de 100 millions pour l'aide directe aux étudiants au PLF 2008, Valérie Pécresse reconnaît aujourd'hui que l'ensemble de ces mesures qui ne s'appliqueront qu’à la rentrée 2008 pour à peine 10% des étudiants ne représente qu'un montant total de 53 millions d'euros.
Promettre des millions et avouer qu’ils sont fictifs la semaine suivante ne peut tenir lieu de politique pour les étudiants.
A titre indicatif, le seul versement d'un mois de bourse en septembre que les étudiants attendent pour faire face aux charges liées à la rentrée nécessiterait un montant minimum de 140 millions d'euros.
Logement étudiant : le gouvernement renonce-t-il au plan Anciaux ?
La seconde priorité des étudiants est la question du logement. Le plan Anciaux a pris du retard dans ses 4 premières années d'application (seuls 8322 logements CROUS ont été réalisés sur les 20 000 prévus de 2004 à 2007). En 2007 avec 65 millions d'investissement du CNOUS seuls 3200 logements on pu être construits contre les 5000 annoncés. La ministre semblait avoir pris conscience de cet état de fait et a missionné le député Anciaux pour faire un état des lieux de l'application du plan de construction et de réhabilitation du parc CROUS d'ici novembre.
Avant même la remise de ce rapport la ministre se prive de tout levier d'action en limitant les crédits d'investissement du CNOUS à 70 millions d'euros alors même que les opérations prévues pour 2008 nécessitent 120 millions d'euros pour la seule partie financée par le CNOUS. Autrement dit le budget que défend la ministre pour 2008 n’a même pas l’ambition de respecter les objectifs de construction et de réhabilitation du parc CROUS prévus pour la 5e année.

Alors que le gouvernement annonçait, après le vote de la loi relative aux libertés et responsabilités des universités, que les étudiants seraient au cœur des décisions budgétaires, force est de constater que les actes ne sont pas à la hauteur des enjeux.

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