vendredi 18 janvier 2008

"100 photos de Sabine Weiss pour la liberté de la presse" : Reporters sans frontières publie un nouvel album photos


Reporters sans frontières publie trois albums de photographies par an. Aujourd’hui, la vente de ces ouvrages est la principale ressource de Reporters sans frontières. Les 9,90 € que coûte ce recueil sont intégralement reversés à l’organisation pour mener des actions en faveur de la liberté de la presse au jour le jour : assistance aux journalistes et à leurs familles ainsi qu’aux médias en difficulté, investigations sur le terrain afin de déterminer les responsabilités dans les cas d’assassinats, frais d’avocats dans les procès impliquant des journalistes, etc.

Après Yann Arthus-Bertrand, cette monographie est consacrée au travail de la photographe Sabine Weiss, représentée par l’agence Rapho. « Montrer simplement et sobrement, sans lieu, ni but, la vie et les gens » est ce qui lui importe le plus. La photographe a offert à Reporters sans frontières des photos d’enfants et de scènes de rue d’ici et d’ailleurs.

100 photos de Sabine Weiss pour la liberté de la presse est vendu chez les marchands de journaux et dans les Relay, grâce au soutien des NMPP, de l’UNDP et du SNDP. A la FNAC, dans 500 librairies en France et dans les grandes surfaces grâce à Interforum Editis.
144 pages (100 pages de photographies et plusieurs portraits de journalistes, cyberdissidents ou blogueurs emprisonnés).
9,90 €, en vente à partir du 10 décembre 2007.

La laïcité ?

Après Rome, Riyad, l’éloge « républicaine » de Nicolas Sarkozy continue ! En effet, il s’est livré aux louanges de la morale chrétienne et des religions qui sont, à en croire ses propos, le fondement même des civilisations. Or, la France, pays laïc où la séparation de l’Eglise et de l’Etat existe depuis 1905, semble changer de cap…

« La réligion, l’opium du peuple »

«Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance». Ainsi à en croire ses propos, l’instituteur est relégué au second plan sur la transmission des valeurs. Blizzard, lorsque l’on pense que l’École doit justement transmettre des valeurs communes, celles de la République. D’ailleurs, toujours selon notre Empereur, « les racines de la France sont essentiellement chrétiennes», et bien, je pense que Nicolas Sarkozy aurait bien besoin d’un peu d’Histoire, car certes nous avons un héritage chrétien, mais pas essentiellement !

Mais tout ceci ne s’est pas arrêté à son voyage à Rome… En Arabie Saoudite, le Président a été encore plus loin, en assimilant les religions à des philosophies.
Bref, si semble bien déplacé pour un chef d’État aller sur des terrains tel que la religion surtout lorsque l’on confond les choses, croyants, païens, franc-maçon etc. La laïcité, en danger ?

mercredi 16 janvier 2008

MacBook AIR... Incredible !



MacBook Air est ultra-fin, ultra-portable et ultra-différent de tout le reste. Mais on ne perd pas des kilos et des centimètres en une nuit. C'est le résultat d'une réinvention des normes. D'une multitude d'innovations sans fil. Et d'une révolution dans le design. Avec MacBook Air, l'informatique mobile prend soudain une nouvelle dimension.

voir : http://www.apple.com/fr/macbookair/

mardi 15 janvier 2008

La liberté d'expression menacée

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et ses organisations membres au Niger, l'Association Nigérienne de Défense des Droits de l'Homme (ANDDH) et en France, la Ligue française des droits de l'Homme (LDH) sont vivement préoccupées par l'état des libertés d'opinion et d'expression qui prévaut actuellement au Niger, dès lors qu'il s'agit d'informer sur le conflit qui oppose l'État nigérien au Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ).

Ainsi, le 23 septembre 2007, Moussa Kaka, journaliste nigérien, directeur de la station privée Radio Saraouniya, correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) a été inculpé de «complicité d'atteinte à l'autorité de l'État» pour avoir réalisé une série de reportages sur le MNJ. Pour avoir exercé son devoir d'information, il encourt la prison à perpétuité. La FIDH et l'ANDDH ont vivement dénoncé l'inculpation et l'incarcération de Moussa Kaka qu'ils considèrent arbitraire [1].

De même, Ibrahim Manzo Diallo, directeur de publication du bimensuel privé Aïr Info, publié à Agadez (Nord), a été arrêté le 9 octobre 2007 et inculpé vingt jours plus tard pour 'association de malfaiteurs'. Placé sous mandat de dépôt, il a été transféré à la prison civile d’Adagez. Son affaire est en cours d’instruction. Les autorités l’accusent d’avoir entretenu des « rapports illégaux » avec le MNJ, sur la base d’écoutes téléphoniques.

Deux journalistes français, Thomas Dandois et Pierre Creisson, en reportage au Niger pour la chaîne franco-allemande Arte, sont également incarcérés depuis le 17 décembre 2007. Ils ont été inculpés d’'atteinte à la sûreté de l’Etat' pour avoir tourné un 'reportage illicite' sur le MNJ, selon le gouvernement. Ils étaient détenteurs d’un visa et d’une autorisation de tournage pour un reportage sur la grippe aviaire. La FIDH, l'ANDDH et la LDH déplorent le caractère disproportionné de l'inculpation prononcée à l'encontre de ces deux journalistes.

La FIDH, l'ANDDH et la LDH appellent :

Les autorités nigériennes :

À procéder à la libération immédiate et sans conditions des journalistes Moussa Kaka et Ibrahim Manzo Diallo dans la mesure où les accusations portées contre eux sont basées sur les contacts entretenus avec la rébellion pour réaliser leur devoir d'information ;

À garantir aux deux journalistes français le droit à un procès équitable notamment l’égalité de traitement devant la loi et la proportionnalité des poursuites par rapport aux faits.

À se conformer aux dispositions de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples et en particulier à son article 9 (2) qui stipule que «toute personne a le droit d'exprimer et de diffuser ses opinions», de même qu'aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en vigueur au Niger depuis 1986, et en particulier à son article 19 (1) qui stipule que «nul ne peut être inquiété pour ses opinions» et 19 (2) selon lequel «toute personne a droit à la liberté d'expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix».

La Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples :

À se saisir de la question de la liberté d'expression au Niger et, particulièrement, au Rapporteur spécial sur la liberté d'expression en Afrique de réagir publiquement sur ces arrestations.

Niamey, Paris, le 15 janvier 2007

Les deux journalistes français détenus au Niger comparaissent aujourd'hui


Accusés d'«atteinte à la sûreté de l'Etat» après un reportage sur la rébellion touareg, Thomas Dandois et Pierre Creisson sont auditionnés par un juge d'instruction aujourd'hui et demain. Or, il est bien curieux de ne pas voir sur nos écran de télévision M. Nicolas Sarkozy...


Près d'un mois après leur arrestation, les deux journalistes français accusés et écroués en décembre au Niger pour «atteinte à la sûreté de l’Etat» après des contacts avec des rebelles touareg doivent comparaître cette semaine, devant un juge d’instruction. Ils sont passibles de la peine de mort.

Thomas Dandois et Pierre Creisson sont respectivement grand reporter et cameraman à l'agence Camicas productions. Ils travaillaient sur un reportage au Niger pour la chaîne de télévision Arte quand ils ont été arrêtés le 17 décembre dernier.

Ce qui explique sans nul doute leur arrestation et l'interdiction à la presse de se rendre au nord Niger. Ils y étaient allé pour réaliser un reportage sur le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ, rébellion touareg).


Une condamnation en perspective

DiversesONG nigériennes, le ministère français des Affaires étrangères et l’association Reporters sans frontières (RSF) ont fait appel à la clémence du président Tandja (toute grâce présidentielle ne seraitpossible qu’après leur jugement et leur éventuelle condamnation). Ce qui semble loin d'être acquis.

Le secrétaire général de RSF, Robert Menard, et les frères des deux reporters français sont arrivés ce lundi à Niamey pour solliciter une «remise en liberté» des deux journalistes, en attendant la fin de la procédure. La procédure semble, par ailleurs, parasitée par des problème entre les autorités nigériennes et le numéro un du nucléaire civil. Il apparait donc que les deux journlaiste soient les victime d'un contentieux diplomatico-économique entre Paris et Niamey. Enfin, il est nécessaire de rappeler que d'autres journalistes sont toujours incarcéré au Niger notamment le correspondant de Radio France Internationale, Moussa Kaka. Bref, la liberté de la presse dans le monde ne semble pas encore acquise...et ne semble, d'ailleur, pas le soucis de notre gouvernement !


lundi 14 janvier 2008

Comprendre le Traité Européen par Daniel Cirera

Nouveau traité, mini - traité, traité simplifié, traité modificatif, traité réformé, traité différent... Le débat sur la nature du traité européen remplaçant le Traité constitutionnel n’est pas qu’ une querelle de forme. L’argumentation varie selon les interlocuteurs. Aux partisans du oui, il est expliqué qu’ils ont toutes les raisons d’être satisfaits et de soutenir le traité ainsi modifié parce que, sur le fond, rien n’a été changé. Aux partisans du non, majoritaires en France, il est expliqué qu’il n’y a aucune raison de s’y opposer parce tout ce qui faisait problème aurait été enlevé. Cette confusion délibérément entretenue, ce jeu de bonneteau, ne doivent rien à l’improvisation. Il s’agit de tranquilliser les uns et les autres afin qu’ils ne posent pas trop de questions, pour expédier l’affaire et justifier ainsi le refus de toute consultation populaire par référendum. "L’alibi du Traité constitutionnel étant levé ", il ne devrait plus y avoir d ’obstacle à une ratification, à grande vitesse et par la voie parlementaire, du "nouveau" traité.


Pour un référendum en France et dans les autres pays d’Europe

L’acharnement de Nicolas Sarkozy à brûler les étapes pour obtenir une ratification à l’arraché de "son" traité devient suspect aux yeux de l’opinion. Pour lui, la France devrait être la première à ratifier, comme si elle avait à se faire pardonner son incartade au référendum de 2005. Surtout, en Europe on compte sur un effet d’entraînement. Malgré les pressions et le chantage, au fil de jours, grandit la conviction qu’il faut un référendum. C’est devenu l’enjeu central du débat. C’est d’abord une question de principe. Plus de 60% des françaises et des français, par delà leur sentiment sur le traité, le souhaitent. Il y a nouveau traité parce qu’il y a eu rejet du Traité constitutionnel : à 55% ils avaient voté contre la précédente mouture. Il est juste d’être consulter sur le nouveau projet. Seul un vote populaire peut valider et légitimer les conditions nouvelles de l’engagement européen de la France. En outre, il apparaît que le traité de Lisbonne reprend l’essentiel du traité rejeté. C’est une raison suffisante pour re-consulter le peuple.

Enfin, nous sommes entrés dans une période charnière. Avec en 2008 la présidence française du conseil européen, les élections européennes en 2009, l’organisation de référendums crée les conditions les plus favorables pour que soit ré -ouvert le débat populaire sur l’avenir de l’Europe, les transformations à opérer, et cela à l’échelle de l’Europe.

Nouveau traité ou TCE recyclé ?

Alors, nouveau traité ou nouvelle mouture du traité rejeté ? Le mieux est d’en revenir au texte lui-même pour voir de quoi il en retourne. Tache ardue, plus ardue encore qu’avec la Constitution. Finalement le débat référendaire avait fait de ce texte plutôt austère, révélé par l’Humanité, un best-seller. Le traité de Lisbonne concocté par un collège de juristes est une jungle inextricable de plusieurs centaines d’amendements dans un document de 255 pages comprenant un préambule, le traité lui-même, 12 protocoles additionnels et 53 déclarations annexes.

Il est cependant possible d’examiner sa continuité avec le traité constitutionnel, et surtout s’il a été tenu compte des inquiétudes et des attentes exprimées dans le vote non des français et des néerlandais.

Ce traité est nouveau en ce sens qu’il a été élaboré dans les quelques semaines de l’été 2007 pour remplacer le traité constitutionnel rendu caduc par les votes négatifs des référendum français et néerlandais. Il comporte des nouveautés par rapport au traité rejeté et des nouveautés par rapport aux traités précédents (Traité de Rome et Traité de Maastricht modifié à Amsterdam et à Nice).

Par rapport au traité constitutionnel, les modifications portent essentiellement sur les symboles : il ne s’agit plus d’une "Constitution". On a retiré les références à un l’Hymne à la Joie de Beethoven, et au drapeau, qui continueront à fonctionner comme par le passé. Il est vrai que la Charte des droits fondamentaux n’est plus incluse dans le texte ; elle est cependant fixée dans un protocole additionnel qui la rend contraignante, sauf pour les Etats qui ont demandé à ne pas y être soumis.(Grande Bretagne, Pologne..)

Par rapport aux anciens traités, il comporte des modifications institutionnelles qui, pour la plupart, étaient inscrites dans la Constitution : élection du président du conseil pour deux ans et demi – au lieu des six mois aujourd’hui-, renouvelable une fois ; désignation d’un Haut représentant aux affaires étrangères qui aura rang de vice-président ; redéfinition des votes à la majorité ; extension des domaines de la codécision impliquant le Parlement européen ; réduction à terme du nombre de Commissaires ; allongement de 6 à 8 semaines du délai d’examen accordé aux parlements nationaux.

Le Non ignoré

Ainsi équipée avec ces innovations institutionnelles, l’Europe pourrait enfin repartir d’un bon pied. Elle serait sortie de la crise d’impuissance du traité de Nice et de la crise de confiance générée par les non français et hollandais. Est-ce bien sérieux ? En réduisant la crise européenne à un blocage institutionnel, et à un malentendu de peuples mauvais coucheurs, Nicolas Sarkozy et les dirigeants européens soit se tranquillisent à bon compte, soit comptent sur l’effet de surprise, la lassitude, la confusion pour faire passer aujourd’hui ce qui en 2005 a fondé le rejet du traité constitutionnel.

Le non français a été une réaction lucide et informée à des politiques vécues comme des régressions sociales, accroissant l’insécurité sociale et minant le socle de solidarité encore existant, sans ouvrir de perspective. Chacun sait combien ont pesé dans ce choix les révélations sur le contenu et les conséquences de la directive Bolkestein, les inquiétudes légitimes sur les services publics, notamment de proximité, telle que la poste.

La concurrence comme dogme intangible

Nicolas Sarkozy s’est vanté d’avoir fait retirer des objectifs de l’Union "la concurrence libre et non faussée". C’est un tour de passe-passe. Le principe de la concurrence reste au coeur de toutes les politiques de l’Union. Article 105 : "le principe d’une économie de marché ouverte où la concurrence est libre". Protocole 6 : "Le marché intérieur tel qu’il est défini à l’article (I-3) du traité comprend un système garantissant que la concurrence n’est pas faussée."

Les conséquences sont explicites pour les services publics, eux- aussi soumis aux règles de la concurrence : Article 86 : " Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux règles des traités, notamment aux règles de concurrence." (Article 86). Il précise" dans les limites où l’application de ces règles ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie". En l’occurrence, la règle est la concurrence et l’interprétation sera fonction des rapports de forces, de la volonté de la commission et de la jurisprudence à ce jour toujours favorable à la concurrence.

Article 87. "Sauf dérogations prévues par les traités, sont incompatibles avec le marché intérieur (...) les aides accordées par les Etats ou au moyen de ressources d’Etat sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions." C’est la possibilité d’une politique industrielle cohérente et sur le long terme, ou le principe même de subventions qui sont, ou peuvent à tout moment, être mis en cause. Airbus ou l’énergie en sont des exemples éclairants.

L’impossible harmonisation fiscale

Alors que la concurrence est érigée en dogme, et que le "marché du travail" est libéré comme celui des "capitaux", comme dans le Traité constitutionnel, la fiscalité des entreprises n’est soumise à aucune règle commune - à la différence de la TVA - Le champ reste totalement ouvert au dumping fiscal et à la mise en concurrence sur la base du moins disant social et fiscal.

La Banque centrale européenne intouchable

Aucun changement dans la définition des missions et du rôle de la BCE. Les critiques et les coups de gueule n’avaient pas manqué pendant la campagne électorale. Aucun changement par rapport aux dispositions inscrites dans la partie III du TCE. Un seul objectif : lutter contre l’inflation pour préserver les marché financiers. Rien sur l’emploi et la croissance. (Article 105 renforcé par l’article 245 bis). " La BCE est indépendante dans l’exercice de ses pouvoirs et dans la gestion de ses finances. Les institutions, organes et organismes de l’Union ainsi que les gouvernements des Etats membres respectent cette indépendance." (Article 108)

L’allégeance à l’OTAN

Une politique de paix et de sécurité indépendante des Etats-unis, inventant des relations de coopération pacifique et démilitarisées avec ses voisins est un des fondements qui peut légitimer une construction commune en Europe. Pourtant, sur cette question si déterminante de la paix, le texte est le copié collé du TCE : " Les engagements et la coopération dans ce domaine demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’Otan, qui reste pour les Etats qui en sont membres le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en oeuvre." (Article 27-7 TUE) Comme dans le TCE, il est précisé que " Les Etats membres s’engagent à améliorer progressivement leurs capacités militaires." (Art.27-3 TUE).

Si l’on s’en tient au texte lui-même on constate qu’effectivement la substance du traité constitutionnel est préservée. C’est le constat satisfait d’Angela Merkel, la chancelière allemande. Valéry Giscard d’Estaing, le père de la constitution explique sans fard que "la différence porte davantage sur la méthode que sur le contenu (...) Concernant les réponses apportées aux adversaires du traité constitutionnel, il faut constater qu’elles représentent davantage des satisfactions de politesse que des modifications substantielles" (notamment sur la concurrence) (...) le texte des articles du traité constitutionnel, est donc à peu près inchangé, mais il se trouve dispersé en amendements aux traités antérieurs. " Et il conclut, concernant la ratification :"Elle ne devrait pas rencontrer de grandes difficultés (...) car la complication du texte et son abandon des grandes ambitions suffisent à en gommer les aspérités." (Le Monde 27 octobre 2007)

Sortir l’Europe de sa crise

Cette continuité entre le Traité constitutionnel et le Traité "Sarkozy" appelle pour le moins un débat public. S’il s’agit de faire revenir ce qui a été rejeté, il faut que les choses soient dites. Affaire de démocratie. Après le vote du référendum de 2005, l’engagement de la France pour une longue période à venir nécessite une nouvelle validation, ou invalidation par le suffrage populaire.

Tout aussi grave est la reconduction du socle et de ce qui fonde les politiques néolibérales, conduirait à une nouvelle impasse. Devant le séisme du non français, plusieurs dirigeants européens ont dû admettre - même si ce n’est pas publiquement - que la construction européenne traversait une crise de légitimité populaire. Non pas pour des raisons institutionnelles, mais pour sa carence sociale et démocratique. Ceux qui ne veulent pas voir que le Non n’est pas la cause de la crise mais son expression populaire et politique portent le risque de son aggravation. Au delà-même de la critique rigoureuse du traité, comme recyclage de la Constitution et de ses fondements ultralibéraux, pour le mettre en échec, il faut empêcher que se referme la perspective de changement ouverte par le rejet du traité constitutionnel. Il faut maintenir ouvert le chantier des réformes et des ruptures à mettre en oeuvre pour avancer dans la construction d’un nouveau modèle de développement, social, écologique, solidaire. Il s’agit tout simplement de faire face aux défis de la période et de répondre, enfin, aux attentes populaires.

dimanche 13 janvier 2008

"Ne pas aller à Versailles, une désertion", PAR JEAN-LUC MÉLENCHON, SÉNATEUR (PS) DE L’ESSONNE


Comment jugez-vous la décision de Jean-Marc Ayrault et de François Hollande d’appeler au boycottage du Congrès de Versailles ?

Jean-Luc Mélenchon. Très sévèrement, pour deux raisons. La première tient à la vie du Parti socialiste. Cette décision n’est prise dans aucun organe de délibération. C’est sans précédent. Il n’y a eu ni vote au groupe socialiste, ni discussion, ni vote au bureau national. C’est un vrai coup de force. Sur le fond, il s’agit d’une désertion, d’une hypocrisie absolue, puisque le fait de ne pas aller à Versailles revient en réalité non pas à s’opposer, comme les apparences pourraient le laisser croire, mais au contraire à laisser passer le traité de Lisbonne.
Voyez-vous dans ce renoncement qui ne dit pas son nom à la revendication d’un référendum un tournant de fond, à la veille du congrès du PS ?
Jean-Luc Mélenchon. C’est un événement. C’est la première fois que, d’une manière aussi spectaculaire, des dirigeants socialistes décident de se mettre en opposition à un processus qui donne la parole au peuple. Tout cela aura des conséquences en cascade sur la vie du Parti socialiste. Ce n’est plus le même parti avant et après cette décision.
Cette posture de retrait ne séduit-elle pas certains parlementaires socialistes pourtant favorables à un référendum ?
Jean-Luc Mélenchon. J’ai plutôt des échos contraires. Cette position indigne de nombreux socialistes, qu’ils soient favorables ou non à ce traité européen. Des parlementaires ont d’ores et déjà annoncé, de façon ferme, leur intention de se rendre à Versailles. Je pense en particulier à Henri Emmanuelli et à Laurent Fabius.

Le PS abandonne-t-il là, selon vous, un terrain privilégié d’opposition à Sarkozy ?
Jean-Luc Mélenchon. C’est le grand paradoxe. Au moment où Sarkozy est affaibli, où il est en pleine offensive antisociale, lui faciliter la tâche sur le prétendu traité simplifié, qui est en réalité un concentré de tout ce que nous combattons dans sa politique nationale, clui faire un cadeau inespéré. Il est invraisemblable de lui donner ainsi de l’espace au moment où il en manque.
Cette décision compromet-elle définitivement l’espoir de réunir les deux cinquièmes de parlementaires pour ouvrir la voie à un nouveau référendum ?

Jean-Luc Mélenchon. Elle rend ce scénario plus difficile. Mais la partie reste très ouverte. On ne sait pas comment vont réagir les parlementaires socialistes. L’attitude des parlementaires de droite constitue une autre inconnue : certains, soucieux de ne pas apparaître comme cautionnant ce déni de démocratie, pourraient à leur tour décider de ne pas prendre part au vote.

Entretien réalisé par R. M. Pour l'Humanité

vendredi 11 janvier 2008

Un événement dans le monde du journalisme - reportage


Le 17 janvier prochain doit paraître le tout nouveau trimestriel de reportages (écrivains, journalistes, photoreporters, dessinateurs de bande-dessinées) des éditions Les Arenes, XXI. Ce nouveau concept va révolutionner le reportage en France. En voici la bande annonce...





BANDE-ANNONCE XXI
envoyé par rollinpublications




Editeur Les Arenes Eds
Date de parution 17/01/2008
Collection Xxi, numéro 1
Nombre de pages 208 pages
ISBN 2352040566

lundi 7 janvier 2008

Résurrection de la « Constitution » européenne


A Lisbonne, dans le dos des peuples


L’Europe et la participation populaire n’ont jamais fait bon ménage. En optant pour la ratification parlementaire d’un traité pratiquement identique à celui qui avait été rejeté par référendum en 2005, M. Nicolas Sarkozy élargit la fracture entre les citoyens et l’appareil institutionnel de l’Union européenne. Un appareil qui produit à flux tendu des politiques néolibérales que les gouvernements sont trop heureux d’imputer à une « Europe » dont ils sont ainsi en train de miner la légitimité. Par Bernard Cassen

La signature, le 13 décembre 2007, du traité de Lisbonne par les gouvernements des vingt-sept Etats membres de l’Union européenne met un terme à la période dite, par euphémisme, de « réflexion » qui avait suivi le rejet du traité constitutionnel européen (TCE) par les référendums français et néerlandais du printemps 2005. Tout en aménageant les superstructures institutionnelles de l’Union, il conforte sa nature foncièrement néolibérale et, ceci expliquant sans aucun doute cela, il a été calibré pour se prémunir, en jargon bruxellois, contre tout « accident » de ratification. Traduction : il ne doit pas être soumis au jugement des peuples, auxquels on n’aura jamais aussi ouvertement signifié leur condition d’intrus et d’indésirables dans la construction européenne.

Dénommé par antiphrase « traité simplifié » ou « minitraité » par M. Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle, le nouveau texte, désormais intitulé traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), ne comprend pas moins de deux cent cinquante-six pages incluant près de trois cents modifications du traité instituant la Communauté européenne (Rome, 1957) et une soixantaine de modifications du traité sur l’Union européenne (Maastricht, 1992), douze protocoles et des dizaines de déclarations. Dans la longue histoire de la diplomatie, on a connu plus « simplifié » et plus « mini »...

Le caractère quasi illisible de ce document pour le commun des mortels (et, on l’imagine, pour la grande majorité de leurs représentants élus) ne doit pas occulter l’essentiel : il s’agit purement et simplement, à quelques dispositions près, de la reprise du contenu du TCE (lire « Des traités jumeaux »). Aussi le simple parallélisme des formes aurait-il voulu qu’il soit soumis aux mêmes procédures de ratification. Il n’en est rien. L’argument avancé par M. Sarkozy pendant et après sa campagne pour justifier le refus d’une nouvelle consultation populaire est d’une désarmante mauvaise foi : le TCE était une Constitution, pour laquelle un référendum s’imposait ; le TFUE n’étant pas une Constitution, une simple ratification parlementaire suffira ! Or le TCE n’était nullement une « Constitution » européenne au sens juridique du terme ; il s’agissait d’un traité comme les autres, ainsi que l’avait publiquement affirmé M. Jean-Luc Dehaene, ancien premier ministre belge et vice-président de la Convention pour l’avenir de l’Europe, qui en avait rédigé la première mouture.

La référence constitutionnelle était de nature symbolique, notamment pour « sacraliser » les politiques européennes en vigueur, la quasi-totalité d’entre elles d’essence néolibérale, qui figuraient dans la partie III du TCE. Cette partie III a certes disparu en tant que telle, mais sa substance demeure intacte puisqu’elle figure dans les deux traités (de Rome et de Maastricht) auxquels le TFUE ne fait qu’apporter des modifications, et surtout parce que ces politiques s’appliquent déjà quotidiennement. Dernier argument développé par le président de la République : les modifications introduites font consensus. Si tel est bien le cas, une occasion privilégiée se présente de le vérifier en consultant les électeurs. Les thèmes consensuels sont tellement rares en France...

On aura deviné que M. Sarkozy ne croit pas un seul mot de ces sornettes. Dans des propos tenus à huis clos lors de sa récente visite au Parlement européen, à Strasbourg, il livre le fond de sa pensée : « Il n’y aura pas de traité si un référendum a lieu en France, qui serait suivi par un référendum au Royaume-Uni (1). » Circonstance aggravante : « La même chose [un vote négatif, comme le vote français en 2005] se produirait dans tous les Etats membres si un référendum y était organisé. » Au moins les choses sont claires, ce que confirme, sans pour autant s’en émouvoir, un chroniqueur de l’hebdomadaire L’Express, chaud partisan du nouveau traité : « La preuve est faite que l’Union européenne n’avance qu’en se passant de l’assentiment populaire. (...) L’Union redoute ses peuples, au point qu’il a fallu abandonner à Lisbonne les “signes ostensibles”, drapeau et hymne, pour donner de drôles de gages à l’opinion (2). » Tout est dit.

Un vivier de futurs ministres d’« ouverture »

Si la construction européenne ne peut « avancer » qu’à l’insu des peuples, quand ce n’est pas contre eux, ce sont ses fondements démocratiques – constamment invoqués dans tous les traités – qui sont eux-mêmes en cause. Il ne s’agit pas là d’une question subalterne. Elle est de celles où la forme non seulement prime le fond, mais où elle constitue le fond lui-même, en l’occurrence le primat de la souveraineté populaire. A ce titre, elle devrait inquiéter au plus haut point l’ensemble des responsables politiques et, au-delà, l’ensemble des structures de représentation de la société.

Toutes les forces et pratiquement tous les dirigeants politiques qui avaient préconisé le rejet du TCE en 2005 sont évidemment unis dans la demande d’un référendum pour ratifier le TFUE. La direction du Parti socialiste (PS), avide de prendre sa revanche sur un « non » où elle s’était trouvée désavouée par une partie de ses responsables et par la majorité de ses électeurs, en a décidé autrement : sa majorité appelle les élus à voter « oui » au texte qui sera présenté à l’Assemblée nationale et au Sénat, au lieu de se battre pour la tenue d’un référendum. Aux oubliettes l’engagement en ce sens contenu dans son programme, ainsi que dans la proposition 98 de la campagne présidentielle de Mme Ségolène Royal ! L’occasion est trop belle de faire passer par le vasistas parlementaire un texte expulsé par la grande porte du verdict populaire. M. Patrick Bloche, député de Paris, n’y va pas par quatre chemins : « Cette fois, j’ai envie que le PS pense quelque chose sur l’Europe. Quitte à penser la même chose que Sarkozy (3). »

On a vu plus haut ce que pense réellement M. Sarkozy, qui dispose ainsi au PS d’un vivier élargi de futurs ministres d’« ouverture » partageant avec lui la crainte – justifiée – du suffrage des citoyens. Au moins avait-il clairement annoncé la couleur avant d’être élu à la présidence : il n’y aurait pas de référendum. Pour la direction du PS, qui avait pris une position contraire, l’« Europe » vaut bien le reniement de ses promesses !

On peut s’interroger sur cet acharnement d’un parti en faveur d’une forme de construction européenne qui, dès le premier jour, s’est voulue une machine à libéraliser (4), et qui a ensuite repris à son compte les critères de la mondialisation néolibérale, notamment en ce qui concerne les relations avec le Sud (5). L’élection – sous le patronage de M. Sarkozy – de M. Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI), après celle de M. Pascal Lamy à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a eu valeur de test. Au lieu de s’interroger sur le bien-fondé de ces nominations dans des organisations multilatérales dont les sigles et les politiques sont honnis par la quasi-totalité des mouvements sociaux de la planète, les dirigeants du PS ont exprimé leur fierté de voir ainsi reconnues les « compétences » de deux membres éminents de leur parti.

En pratiquant une fuite en avant qui consiste à réclamer toujours « plus d’Europe » (c’est le sens de leur engagement pour le « oui ») – alors que « plus » de cette Europe-là signifie immanquablement davantage de libéralisations, de privatisations et de remise en cause des services publics –, la plupart des dirigeants de la gauche de gouvernement s’interdisent délibérément toute velléité de transformation sociale et de redistribution de la richesse ici et maintenant. Il est pathétique de les voir courir après une « Europe sociale » qui, tel un mirage, se dérobe chaque jour devant eux.

Judicieusement intitulé « L’éducation européenne », l’article d’un authentique libéral de droite, Claude Imbert, éditorialiste au Point, enfonce le clou : « Le vœu, ressassé chez nos socialistes, d’une Europe sociale à la française est une rêverie de plus. Parmi nos partenaires, personne n’en veut. Ni les conservateurs ni les socialistes (6) ! » Le même Imbert avait écrit que l’antilibéralisme est « un slogan par excellence antieuropéen : l’Europe communautaire est en effet libérale ; ses règles sont libérales (7) ».

Il est audacieux de qualifier de « socialistes » les sociaux-démocrates du Parti socialiste européen (PSE), qui, au Parlement européen, font généralement cause commune avec leurs « adversaires » du Parti populaire européen (PPE) dès lors qu’il s’agit de libéraliser et de se rapprocher des Etats-Unis (8). Si cette Europe est effectivement, et par nature, libérale, et si elle a verrouillé ses institutions pour le demeurer, la question, longtemps taboue, est désormais de savoir comment se libérer de ce carcan.

Bernard Cassen.


Le Monde Diplomatique décembre 2007